Mardi 11 janvier, 20h33.
Entrée gratuite.
Éloge du doute.
Ultracrépidarianisme : devenu à la mode pendant la crise du covid, ce mot désigne la tendance, fort répandue, à parler avec assurance de sujets que l’on ne connaît pas. Ainsi de l’efficacité d’un médicament, de thèses négationnistes, de questions migratoires… Entre postures de communication, inculture et arguments d’autorité, l’air du temps nous invite à réhabiliter le doute. Il y a urgence !
Vrais et faux experts débitent une profusion de certitudes affolantes et de vérités incontestables où opinion, conviction et croyance se confondent avec science, savoir et connaissance. La diffusion massive de ces idées parfois délirantes engendre de pseudo-rebelles, paradoxalement inféodés à la doxa paranoïaque. Complotistes débridés, collapsologues fanatiques, extrémistes de tout poil… tous ont en commun d’être habités par des convictions arrogantes et celle d’être légitimes pour les mettre en œuvre à tout prix, jusqu’à la barbarie.
« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou ». Plus actuel que jamais, le diagnostic de Nietzsche en 1888 ! Contre cette montée des dogmatismes, le doute, qu’il soit philosophique ou scientifique, fait figure de garde-fou(s ?).
La science prend souvent l’intuition à revers, s’oppose presque toujours au bon sens et n’a que faire de la dictature de l’actualité. Bachelard expliquait que faire de la science, c’est « penser contre son cerveau ». C’est à dire pratiquer la distance, accepter l’exposition à la critique et à la confrontation, pulvériser les préjugés et contrecarrer les évidences spontanées.
Ni absolues, ni définitives, les « vérités scientifiques » ne relèvent ni d’un sondage, ni d’un vote. Elles s’inscrivent dans le doute et la rationalité.
Mais le doute est créatif : penser que rien n’est certain n’est pas la même chose que de penser que rien n’est vrai !